Rencontre avec Laurent notre architecte du jour, qui nous dit tout sur cette étonnante rénovation d'une maison complètement dénaturée de sa première fonction : l'habitation.

 

But de la mission :

Transformer les 75m2 achetés en 135 m2 parfaitement habitables :

  • Créer un niveau de mezzanine (+20m2)
  • Récupérer l'usage de la cave (+ 20 m2)
  • Restructurer et compacter les escaliers (+15 m2)

 

Budget :

+ 320 000 euros (comprenant décoration, réfection des extérieurs et paysagisme)


Quelques dates : 

 

  • 1911 : Édification par l'architecte Elie Leduc d'une maison de 2 niveaux sur caves.
  • 1945 : Surélévation d'un étage supplémentaire et modification des intérieurs.
  • 2011 : Rénovation complète et ajout d'un niveau de mezzanine.

 

Anecdote :

Lorsque cette demeure fut trouvée par Laurent L., des policiers venaient à peine de vider la maison de ses occupants. Elle avait été passablement transformée en atelier de fabrication de drogues dans les années 1990 et depuis y florissait une petite activité de culture et de roulage d’herbe. 


Dans quel état était la maison lorsque vous l'avez découverte ? 


L’état était clairement lamentable, il n’y avait plus rien qui comportait un cachet si ce n’est la façade dont j’imaginais qu’elle avait été dessinée par un architecte « savant » au vu des proportions et l’utilisation des matériaux. Ce n’est qu’après l’achat que nous avons découvert aux archives qu’il s’agissait d’une des rares constructions de l’architecte Elie LEDUC à Paris.
Il ne restait absolument rien d’originel dans la maison qui soit en bon état. Les parquets ont été fortement abimés, rafistolés avec des planches de sapins, des toilettes et des douches installées à tous les étages et quasiment dans toutes les pièces pour se laver avant de sortir et pouvoir évacuer la marchandise en cas de descente de police.
La toiture était percée, ravageant les plafonds par des dégâts des eaux récurrents. Les plâtres des plafonds se sont donc décollés dès que nous avons à peine commencé les démolitions de cloisons.


Quel a été le fil conducteur de ce projet ?


Le fil conducteur, c’est une vraie question qui m’a travaillé longuement quand nous avons commencé à dessiner les espaces intérieurs de cette maison. Je n’aime pas concevoir sans un ancrage dans la réalité, sans respecter l’existant et dialoguer avec lui. Alors je m’en suis inventé un.
Sans les parquets et les décors d’origine, Elie LEDUC nous avait laissé une belle coque vide. Alors nous avons décidé de réinterpréter une époque à partir des éléments historiques que nous avions. Et quand les espaces n’existaient pas à cette époque, nous avions carte blanche pour traiter la décoration de façon plus contemporaine, mais toujours en partant d’un élément sur place : de la brique, des papiers peints, du métal, des volumes etc..
En décapant quelques murs, nous avons retrouvé des papiers peints d’origine à motifs divers et très riches, nous en avons donc fait un fil : le motif.
Chaque étage et chaque espace a son propre motif, sa propre couleur. La maison n’est donc pas divisée en pièces mais en univers de couleurs et de matières.


Quelle est la réelle particularité de cette maison ? 


C’est une maison que nous avons conçue comme très modulable et très ouverte. Tous les étages et les meubles sont amovibles et peuvent changer de fonction si on le désire. La décoration y change en fonction de ce que nous mettons dans les pièces.
Les objets viennent d'un peu partout, des objets et meubles de famille, mais aussi des meubles chinés et des antiquaires vintage spécialisés. 


Les escaliers témoignent d'une véritable originalité, non ? 


Dans une maison en hauteur (5 niveaux !) cacher les escaliers devient très important. C’est pour cela que nous avons travaillé sur une immense bibliothèque de 10m de long au séjour. Pour séparer la partie personnelle des étages plus ouverts au public. Le traitement des escaliers est par ailleurs différent, un pas japonais à l’ancienne, plus abrupt, il faut être initié pour y monter. C’est là que commence notre univers à nous et il n’y a pas besoin de porte, nos amis le savent.

 
Crédit photo : Germain Suignard